J’anime un atelier de Journal Créatif en ligne.
Une dizaine de participants s’activent chez eux, et dans les vignettes vidéo affichées à droite de mon écran.
Ils créent suivant les consignes que je leur donne, des collages, des textes, des dessins.
Je les regarde, absorbés qu’ils sont par leur réalisations.
L’une d’entre elle doit manquer de lumière, car je vois soudain son compagnon s’approcher avec une lampe. Il contourne le bureau où elle est installée, s’approche de l’écran, sans doute pour accéder à la prise. L’image tremble, il heurte quelques objets pour parvenir à ses fins.
Voilà, la lampe est branchée, il l’allume, positionne le faisceau au mieux, puis il se dégage pour repartir à ses occupations.
Il passe près d’elle ; je la vois qui le regarde avec gratitude, lui sourit. Peut-être lui dit-elle quelques mots, mais le micro est coupé, je n’entends rien.
Et puis soudain, un geste, un temps de merveille qui éclot dans ce moment banal. C’est lui, qui lève sa main et lui caresse doucement la joue, comme ça, une seconde en passant, une éternité de délicatesse, de pétales tendres déposés sur un visage.
Le temps que je comprenne ce qui vient de se passer, la vie a repris son cours, il est déjà loin dans la pièce.
Moi, je reste là, saisie et bouleversée, devant mon écran. Quelle chance j’ai eu me dis-je, d’avoir été témoin de cet instant de grâce où l’amoureux spontané effleure son aimée, laissant jaillir dans un geste minuscule l’immensité du courant d’or qui traverse son coeur.