Je suis assise dans le train qui me ramène vers Quimper.
A côté de moi, une femme avec qui nous avons échangé des sourires et les places car elle descend avant moi et ne veut pas me déranger. Elle a pris le siège côté couloir.
Je regarde un film, puis, comme j’ai écrit un texte ce matin, j’ouvre le document préparatoire pour mon livre, celui que je rêve de voir un jour un éditeur remarquer.
J’insère le texte, je lui trouve sa place, je parcours les autres pages.
Nous approchons de la gare, ma voisine se prépare à sortir.
Je lui souris pour la saluer.
Elle me regarde et elle me demande : « Vous êtes autrice ? ».
En moi, il y a comme un léger court circuit, une secousse qui suspens le flux et retourne la machine. Comment le sait-elle ? Qu’a-t-elle vu ? Je suis dans un vertige entre la joie et le doute. Non, je ne suis pas autrice, pas moi. Mais si ! Je le suis, j’écris, je prépare un livre. Si ça n’est pas être autrice, alors je ne sais pas comment ça s’appelle !
Je saisis mon audace à pleines mains et je lui réponds oui.
Elle me demande si j’ai déjà été publiée. Non, mais j’aimerais bien.
Le train est presque à l’arrêt maintenant.
Je me lance : et vous, vous écrivez ? Elle me dit qu’elle est humoriste et qu’elle écrit ses textes.
Alors je monte sur le grand plongeoir et je saute : vous accepteriez de lire ce que j’ai déjà écrit ? Je demande cette aide à certaines personnes engagées dans l’écriture.
Elle accepte.
Le train stoppe.
J’ouvre un mail. Elle me dicte son adresse que je note dans la ligne du destinataire. Je vérifie que je n’ai pas fait d’erreur. Surtout ne pas se tromper en enregistrant les coordonnées des fées.
Elle ajoute quelque chose comme Persévérez, n’arrêtez pas, un jour ça marchera.
Puis elle s’en va.
Je reste là, éberluée par ce qui vient de se passer.
Le cadeau reçu est si grand que j’éclate en sanglots et appelle Olivier pour partager mon émerveillement, ma gratitude et ma joie.
Puis je rouvre mon ordinateur, crée un nouveau document et écris ce texte.