En ce moment je me questionne sur mon avenir professionnel. Je voudrais oser aller vers du nouveau, franchir un pas, me tourner vers d’autres parts de moi pour qu’elles aussi oeuvrent dans ma vie. Ça tourne au-dedans, et quand c’est comme ça, j’écris, je parle, j’écoute, je pense, je rêve. Et comme souvent, la vie se met en route avec moi et me propose des signes ou des moments de magie.
Et voilà donc qu’hier, j’ai rencontré une fée.
Comme je suis en vacances à Abbeville, elle s’était déplacée pour me rendre une petite visite.
A force de marcher pour découvrir la ville, j’étais fatiguée. Dans mes souhaits de vacances, il y avait « Aller chez un coiffeur inconnu » et je me suis dit que le moment était venu. Sur le trottoir d’en face, j’ai vu un salon qui m’a fait envie. Un salon tout simple, mais avec ses grandes vitrines et ses murs clairs, j’avais l’impression qu’il était plein de lumière.
Il était vide, la coiffeuse était seule.
Je suis entrée. Elle avait de la place.
Je me suis installée et nous avons commencé à parler.
Elle m’a expliqué qu’elle remplaçait la patronne pendant son congé maternité, qu’elle ne voulait pas du CDI proposé ensuite, car elle veut rester libre et maître de sa vie.
Elle est coiffeuse depuis ses 15 ans, mais en plus, au milieu de ce long parcours, elle a déjà travaillé dans une auberge de l’Ain où il fallait se rendre en raquettes l’hiver, elle a été aide soignante en maison de retraite sans avoir de diplôme. La directrice, dubitative, l’avait prise 15 jours à l’essai et finalement, elle est restée 6 mois. Puis elle a été embauchée comme palefrenière alors qu’elle n’avait jamais approché de chevaux de sa vie.
Elle a aussi répondu à une annonce pour repeindre une façade de maison et elle a été prise.
Et après ce contrat de remplacement, elle veut ouvrir un salon dans un petit village, pour avoir peu de frais et ne travailler que le temps dont elle a besoin.
J’écoutais cette femme d’un peu plus de 50 ans, et j’étais ravie d’entendre la liberté qui se dégageait de ses propos. Bien sûr, ça n’est pas toujours facile de vivre comme cela, connectée en permanence sur ce qui lui correspond, au jour le jour. C’est exigeant parfois. Mais elle semblait droite dans sa vie, debout sur l’axe de ses valeurs et de ses choix.
Je suis ressortie joyeuse et pleine d’espérance. Joyeuse car j’aimais la coupe qu’elle m’avait faite. C’était comme si tout en me parlant, et en agitant ses ciseaux/baguette, elle avait fait émerger de mes cheveux quelque chose qui parlait de moi. Et pleine d’espérance car sans donner aucun conseil et simplement en témoignant de son chemin, elle m’avait montré combien la vie est possible en fait ; et que souvent, nous manquons d’audace à franchir les étapes qui nous font envie.
D’ailleurs, juste avant de sortir, elle m’a raconté ce petit échange qu’elle avait eu avec un client de 80 ans.
Elle lui avait demandé : « Si vous aviez une baguette magique, qu’est ce que vous referiez différemment dans votre vie ? »
Il lui avait répondu : « Je prendrais des risques. »