C’est le temps que tu perds pour ta rose…

Je suis dans la piscine, à un cours d’aquagym.
Nous nous activons au rythme de la musique et des consignes du coach.
Devant moi, un homme d’environ 70 ans, dégarni, avec de l’embonpoint.

Tout en faisant les exercices, je le regarde et soudain une question me vient : Pourquoi 45 minutes ne suffisent-elles pas à effacer les kilos en trop, les ventres qui dépassent ? Pourquoi ne puis-je pas, en 3/4 d’heure, devenir aussi musclée que je veux, sans avoir à y passer autant de temps, autant d’argent, autant d’effort ?
Pourquoi faut-il sans cesse y revenir, y prêter attention, y consacrer de l’énergie ?
Pendant quelques instants, tout cela n’a pas de sens. Bien sûr, cela semble normal à tout le monde, mais pourquoi au fond cela ne va-t-il pas plus vite ?

Cette fois, c’est Antoine de St Exupéry qui m’a apporté la réponse qui éclaire.
J’ai pensé, tout en continuant à brasser l’eau du bassin, à cette phrase du Petit Prince qui dit « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. »
Oui, c’est cela, bien sûr me suis-je dit ! C’est ce temps que je consacre à mon corps, chaque semaine, c’est l’effort et l’attention que je lui offre, qui rendent mon corps si important.
Je me suis dit qu’il en est de même pour tous les aspects de notre vie.

J’ai aussi pensé, bien sûr, en ce qui me concerne, au temps que j’ai passé à découvrir et affirmer ce que je veux pour ma vie professionnelle.
Entre le moment où je me suis dit « Je ne veux plus être psychothérapeute » et celui où j’ai pu exprimer et acter que je suis coache, superviseuse et formatrice, il se sera écoulé 8 ans.
Mais ce sont toutes ces années de travail, d’exploration, de supervision qui m’ont permis d’ancrer, d’enraciner même, le sentiment d’être cette professionnelle que je suis.
Toutes ces heures, ces semaines et ces mois de persévérance et d’espoir qu’il était possible de faire ce que j’aime (aider les gens à se (re)connaître, à découvrir leurs ressources et à choisir la voie qui leur ressemble) sans me contraindre à y ajouter ce qui ne me correspondait pas, mais que j’avais appris à devoir faire (soigner, soutenir, contenir).

Aujourd’hui, cette identité est inscrite en profondeur et elle commence à infuser dans mes cellules. Elle colore mon vocabulaire, ma façon de penser ma pratique, ma communication (d’ailleurs, je vais transformer mon site, né il y a à peine 18 mois, pour qu’il ressemble à la nouvelle pro que je me sens être).

Je me sens légitime, sereine et joyeuse car je me suis autorisée à créer le métier que j’aime et à croire que c’est une bonne façon de prendre ma place dans le monde et de lui rendre service.